Réflexions sur la tournée 2013 de la Fondation canadienne des champs de bataille par Andrew Iarocci

by | Sep 9, 2013 | LCSC, War and Society | 1 comment

J’étais heureux de recevoir un appel de la Fondation canadienne des champs de bataille l’été dernier me demandant si je serais intéressé à diriger la tournée de mai-juin 2013 en France. Même si j’avais été sur les différents circuits du champ de bataille au cours des dernières années, d’abord à titre de participant (FCCB 1998) et ensuite, à titre de guide, il s’était écoulé sept ans depuis mon dernier voyage d’étude, il était temps pour moi de revenir au jeu. À titre de meneur de la tournée, je fus bientôt rejoint par le Dr Graham Broad, du King ‘s College de l’Université Western. Son épouse Amanda Green s’était portée volontaire pour venir en tant que deuxième conductrice pour nos deux camionnettes.

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Au cimetière britannique La Targette, Eric De Kroon (à droite) décrit la vie et la mort du Lieutenant-colonel Russel Britton, un officier canadien de l’artillerie tué au mois de mai 1917. Les autres participants de la tournée sont, de gauche à droite, Erin Cerenzia, Eric Story, Bruce Moncur, Becky Weir, Katie Domansky et David Suatac.

La première tâche était de trouver douze étudiants qui conviennent pour participer à la tournée. Heureusement, des femmes et des hommes de tous les coins du pays ont répondu à notre appel de candidatures du début du mois de janvier de cette année. Les nombreuses applications étaient excellentes à tous les niveaux. Sélectionner douze noms à partir de cette liste s’avérait tout un défi et nous avons fait de notre mieux avec l’information disponible. Mais comme dans tout processus de sélection fondé sur des candidatures sur papier, il y avait un certain degré d’incertitude. Est-ce que le groupe posséderait une bonne chimie ? Pourrions-nous vivre et travailler ensemble pendant deux semaines dans un pays étranger? Le temps seul nous le dirait.

Après avoir atterri en France, et passer l’épreuve habituelle d’aller chercher nos deux fourgonnettes de neuf passagers, nous n’avons perdu aucun temps pour prendre la route et partir vers Péronne, où nous avons commencé la tournée par une visite de l’Historial de la Grande Guerre, l’un des plus beaux musées de la Première Guerre mondiale dans le monde. Naturellement, la première journée sur le terrain après un vol de nuit au-dessus de ​​l’Atlantique Nord peut être longue et le groupe était assez fatigué à la fin de la visite du musée. Il était trop tôt pour dire comment la situation allait se développer.

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Au cimetière de Hangard Wood, Bruce Moncur (à gauche) lève son verre en l’honneur du soldat J.B. Croak, VC, tué au combat le 8 août 1918. De gauche à droite, on peut voir Katie Domansky, Eric De Kroon, Colleen Molloy, Eric Story, Erin Cerenzia et Graham Broad.

Plus tard ce soir-là, et pendant les deux jours suivants, je me suis progressivement rendu compte que nous avions un groupe spécial cette année. Clairement, les douze participants s’étaient  engagés à fond dans cette expérience, tant sur le plan intellectuel qu’émotionnel. Cela m’a frappé plus particulièrement le cinquième jour alors que nous visitions le secteur d’Arras-Vimy. Comme pour les tournées passées, j’avais commencé ce matin-là par la cote 145 à Vimy, mais un peu plus au nord, sur l’éperon de la crête de Notre-Dame de Lorette, une hauteur qui domine une grande partie du champ de bataille d’Arras de 1917. Notre-Dame de Lorette est aussi le lieu de sépulture de plusieurs milliers de soldats français morts sur les mêmes champs en 1914 et 1915 – il y a près de 40 000 sépultures sur le site. L’objectif de cette halte particulière était notamment de replacer le champ de bataille dans le contexte de 1917 et de rappeler aux étudiants que le Canada fit la guerre dans le cadre d’une alliance. En me fiant sur la discussion qui a suivi, j’étais certain que nous avions atteint ces deux objectifs. Cependant, j’ai aussi réalisé que Notre-Dame de Lorette, en tant que lieu de commémoration, a profondément ému les étudiants. L’un d’eux, Eric Fowler, plus tard, m’a dit: « vous ne nous avez pas préparé pour cela ». Il avait raison, mais il est parfois préférable de laisser un site parler de lui-même.

 

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David Suatac, Lacey Zukewich et Eric Fowler se sont trempés les pieds dans la Manche à la Plage Bleu (Puys), un des sites de débarquement des Canadiens au tragique raid de Dieppe du 19 août 1942 (Photo de Amanda Green).

Je ne vais pas en dire beaucoup plus sur l’itinéraire – les participants ont déjà blogué abondamment sur ​​nos activités quotidiennes, y compris Katie Domansky, qui a récemment affiché un blog à titre d’invité ici sur le site du LCMSDS. Mais je voudrais dire quelque chose de plus sur les individus du groupe de cette année, parce qu’ils m’ont donné une leçon d’humilité. Ils se sont traités avec une bienveillance mutuelle de façon constante. (Même après deux semaines entassés ensemble dans les deux fourgonnettes, j’ai été ravi d’apprendre que toute la bande était resté ensemble pour leur dernière journée à Paris avant de rentrer à la maison. C’est quelque chose). De plus, ils ont également fait une impression positive sur toutes les personnes rencontrées pendant toute la durée de la tournée, y compris mes parents, qui nous ont rejoint pour quelques jours en Normandie. (Nous avons également été ravis de croiser le professeur Terry Copp le 6 juin à Juno Beach – Terry était mon superviseur quand j’étais un étudiant diplômé et nous nous sommes rencontrés la première fois il y a quinze ans, quand il était le meneur de la tournée FCCB 1998. Où le temps est-il allé?)

 

Becky Weir and Sanna Guerin size up the main gun on the Tiger tank at Vimoutiers, in Normandy.

Becky Weir et Sanna Guerin mesurent le canon principal du char Tiger à Vimoutiers en Normandie.

Chaque participant a apporté quelque chose de spécial pour le groupe cette année et, à l’évidence, chacun avait une personnalité unique qui rendit la tournée encore plus agréable et satisfaisante. Je vais essayer de leur faire justice en disant quelques mots sur chacun d’eux :

Erin Cerenzia, de Newmarket, en Ontario, est un étudiant diplômé à l’Université Western. Erin a affiché une joie sans faille à chaque instant et, mieux encore, une véritable curiosité et de la stupéfaction à chaque nouvelle découverte. On ne peut pas demander de meilleures qualités à un étudiant.

Eric De Kroon, de l’est de l’Ontario, et un étudiant à l’Université Trent, est un gentleman et un érudit dans le vrai sens du terme. Eric domine facilement n’importe quelle salle avec son timbre de voix agréable, sa facilité avec les mots et sa confiance discrète.

Katie Domansky est étudiante au doctorat de Calgary. Katie était imperturbable. Comme le reste d’entre nous, elle frissonnait dans le froid et l’humidité à Arras ou sur les rives bruineuses de la Manche, mais Katie a maintenu un calme serein, prêt à relever le prochain défi intellectuel. (Si nous devions refaire la bataille de la Somme ou la bataille de Normandie, je voudrais Katie à proximité.)

Eric Fowler, de l’Université Memorial, est un vrai Canadien dans le sens où il a passé son enfance à déménager partout au pays en tant que membre d’une famille des Forces canadiennes. J’ai rarement rencontré un étudiant affecté de façon aussi profonde par le coût humain des opérations examinées. Et Eric a été assez fort pour le montrer.

Sanna Guerin est une ancienne collègue du Musée canadien de la guerre qui continue aussi des études supérieures à Ottawa en ce moment. Sanna s’est investie entièrement dans la tournée dès la première minute et nous a tous profondément remué lors de sa présentation sur la tombe de son grand-oncle François Houle, tué le 27 août 1918.

Colleen Molloy est une étudiante diplômée à l’Université Western et originaire de London, en Ontario. Sa maturité et sa calme sagesse m’ont rappelé à plusieurs reprises que j’avais tiré des conclusions hâtives et qu’il fallait repenser la question en jeu. J’espère qu’elle le sait.

Bruce Moncur est un récent diplômé de l’Université de Windsor et un fier habitant de Windsor. Un ancien combattant de la guerre en Afghanistan, Bruce possède un esprit indomptable et son sens de l’humour n’a jamais manqué. Il possède une expérience de vie et une sagesse tranquille bien au-delà de son âge.

Karl Price est un ingénieur diplômé de l’Université de Waterloo qui n’a eu aucun mal à s’intégrer dans un groupe dominé par les historiens. En tant que l’un des rares membres du groupe parlant le français, il était aussi un véritable atout pour ses camarades lors de la commande des repas ou au moment de faire les courses.

Eric Story est un jeune érudit de la Saskatchewan et un grand ambassadeur pour cette province. Ses questions enthousiastes à l’arrière de la camionnette m’ont rassuré sur son intérêt sincère, et  celui du groupe dans son ensemble, pour la matière historique traitée tout au long de la tournée.

David Suatac étudie à Ottawa et possède une bonne expérience en tant que guide au Canada. Son sens de l’humour pince-sans-rire a apporté un soulagement lors de quelques moments difficiles de la tournée et la façon de parler plaisante de David a donné d’excellentes présentations historiques.

Becky Weir a mis les autres préoccupations de la vie de côté pour retourner à l’école pour continuer des études supérieures à l’Université de Waterloo. Elle était une force de la nature sur le circuit, toujours prête à démarrer une discussion avec beaucoup de perspicacité.

Lacey Zukewich a récemment complété un diplôme d’enseignement au Manitoba. Lacey déborde d’énergie. En tant que soldat de réserve des Forces canadiennes, Lacey a démontré d’excellentes aptitudes de présentation, que ce soit sur les champs de bataille ou en enseignant le yoga ou des pas de danse irlandaise à ses compagnons de tournée.

Le group en entier à l’entrée du cimetière Maple Corpse, au saillant de Ypres. À l’arrière, de gauche à droite : Karl Price, David Suatac, Colleen Molloy, Eric De Kroon, Lacey Zukewich, Eric Fowler et Sanna Guerin. Rangée du milieu : Amanda Green, Kaie Domansky, Graham Broad, Becky Weir et Bruce Moncur. Devant : Erin Cerenzia, Andrew Iarocci et Eric Story.

Le group en entier à l’entrée du cimetière Maple Corpse, au saillant de Ypres. À l’arrière, de gauche à droite : Karl Price, David Suatac, Colleen Molloy, Eric De Kroon, Lacey Zukewich, Eric Fowler et Sanna Guerin. Rangée du milieu : Amanda Green, Kaie Domansky, Graham Broad, Becky Weir et Bruce Moncur. Devant : Erin Cerenzia, Andrew Iarocci et Eric Story.

Et enfin, je salue mes partenaires à titre de guides, Graham Broad et Amanda Green. Graham est un érudit qui est largement lu et qui peut s’exprimer sur n’importe quel sujet avec un préavis de deux minutes. Il a pris en charge le programme de blogues du voyage pour cette année en plus d’organiser des repas raffinés à la ferme Chavasse. Amanda avait probablement le travail le plus difficile de tous – la conduite de la deuxième camionnette. Malgré mes virages soudains et ma conduite erratique de la fourgonnette à la tête de notre expédition, Amanda a tenu – sans se plaindre – pour les deux semaines complètes.

Parfois, les meneurs d’une tournée sont tellement préoccupés par les tâches administratives quotidiennes innombrables en plus de la conduite, de la navigation et de la préparation de la prochaine étape, que nous oublions de faire une pause et d’en profiter. Je voudrais que tous les participants de la FCCB 2013 sachent comment j’ai apprécié l’expérience, principalement parce que la compagnie était agréable. J’ai appris quelque chose de tout le monde et je voudrais plier bagage et le faire à nouveau sans hésitation.

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